Une impression d'être ailleurs
Sans prétendre être pire ou meilleur, juste autrement, l'envie d'être vivant.
As-tu vu que la commère s'est tue ?
Savais-tu ce qu'elle fait ? Elle vit seule, abattue.
Elle s'est recroquevillée, elle n'ose même plus regarder, elle s'est déconnectée
Des terabits de données pour ton bien compilés ,
des caramels de Gorée, version globalisée.
La vague claque. Un nuage d'écume vole au vent.
Le temps passe, l'éternité n'a plus de sens : Le cycle est rompu.
La neige sur ta tête tu l'as déjà vécue.
Les bidonvilles et les crises apparaissent avec le temps comme toi tu l'as toujours su :
Comme des histoires pour enfants.
Mais Paris brûle-t-il pour autant ?
On se croirait coincé dans un monde en BD.
A chaque planche son histoire mais des vies insensées
Le seul écrit qui compte c'est le grand livre.
L'équilibre entre les comptes épargne des vies, passe ta vie au chinois,
de toutes façons on verra au devis.
Les déchets du mérite s'agglutinent tout au long du périph'.
Mais Paris brûle-t-il ?
Par dessus les forêts de béton,
Derrière le bruit des néons,
Le brouillard magnétique condamne les âmes au fric,
C'est leur seule religion maintenant.
Mais Paris brûle-t-il pour autant ?
Si la France est un hôtel, il est insalubre depuis longtemps.
Les symboles millénaires sont lisibles à présent.
Les certitudes d'hier ont fondu au levant
Il reste le goût amer dans les yeux des enfants.
Le sirop par cuillère même si tu n'es pas souffrant.
Les déjeuners d'affaire se feront, mais, sans client.
Il y a ceux qui n'ont pas de père, il y a surtout ceux qui seraient mieux sans.
Mais Paris brûle-t-il pour autant ?
Dans la bouche, le silence et le goût du sang,
Les gorges nouées, les dents serrées de rage,
Le cœur de la nation fibrille mais...
Paris brûle-t-il pour autant ?
Et puis ces petits arrangements qu'on prend tous avec soi-même
et puis qui nous reviennent tôt ou tard à travers les yeux d'un fils,
Peu importe où c'est enfoui, une peur est une peur et un jour il faut se le dire...
Il faut s'l'avouer, j'dois bien reconnaître que j'crains l'pire.
Mais Paris brûle-t-il pour autant ?
La lumière synthétique des écrans de fumée,
dissimule à celui qui le scrute un plus noble événement,
la lumière est partout, le soleil s'est levé, les hommes libres veulent danser,
mais les corps des mourants fixent encore des écrans qui disent que ceci est mal.
Mais Paris brûle-t-il pour autant ?
Pour les morts officiels on fait un bataclan, le silence mortifère étouffe les survivants.
Toute colère est proscrite sauf sous la forme de tweet !
Et après la souffrance, y'aura la quête de sens et... la solitude.
Mais Paris brûle-t-il pour autant ?
Chacun son traumatisme, chacun sa violence.
Le choc d'un bouquet de fleurs, je le croisais tous les jours c'est un lieu très passant.
Mais Paris brûle-t-il pour autant ?
Pour certaines le tapis rouge, les succès, la télé.
Pour d'autres, moins bien nés, l'arrière d'une gare, froide, un escalier, une dernière trace de ké.
Y'a tous ces clochards qu'on enjambe tous les jours.
Ces hontes, ces injustices qu'on ravale.
Ces silences qui sont déjà fatals.
Les colères seront incontrôlables.
Notre corps social souffre :
Ses membres se font la guerre mais les voyants sont au vert,
clandestins par containers, intraveineuse de misère, c'est vrai que nous sommes en guerre !
Ne pensez pas qu'on vous berne, il durera encore longtemps,
le spectacle de l'Hydre de Lernes dévorant ses enfants,
trop coupables pour bouger, assommés de se justifier.
Il faut le voir pour le croire.
Mais est-ce vraiment ce que vous voulez ?
Il y a la magie perverse des narcisses, ou le rire des enfants.
Ils disent que nous sommes le mal mais... Mais Paris brûle-t-il pour autant ?